
Un nouveau rapport souligne que le système d’assurance du Canada est plus stable que celui de la Californie, mais il est menacé par la lenteur des mesures d’adaptation adoptées par le gouvernement
Le Bureau d’assurance du Canada (BAC) demande aux décideurs canadiens de tirer des leçons des facteurs sous-jacents qui ont mené à la crise que subit l’assurance en Californie et qui fait en sorte qu’une maison sur 10 en Californie n’est pas assurée. Avant même que les feux de forêt dévastateurs se manifestent dans la région de Los Angeles, les événements météorologiques catastrophiques et les restrictions en matière de réglementation de l’assurance entraînaient déjà un risque financier pour les propriétaires de logement. Alors que le risque de feu de forêt continue de croître au Canada, tous les ordres de gouvernement doivent adopter des mesures immédiates pour renforcer la résilience et réduire le fardeau humain et financier des feux de forêt.
« C’était déchirant de voir autant de personnes sinistrées et autant de propriétés et de commerces détruits par les feux de forêt », a déploré Celyeste Power, présidente et chef de la direction, BAC. « C'est une période extrêmement difficile pour tous les sinistrés et je remercie tous ceux et celles qui ont participé aux efforts de reconstruction. Les feux de forêt causent déjà suffisamment de souffrance et de ravage, mais apprendre d’apprendre que de nombreux Californiens n’étaient pas assurés fait de la catastrophe une véritable crise. »
Dans son nouveau rapport, intitulé « Leçons que les décideurs canadiens peuvent tirer de la crise de l’assurance en Californie », le BAC souligne les facteurs qui ont mené à une augmentation de 300 % du nombre de polices souscrites entre 2020 et 2023 par l’assureur d’État, qui est l’assureur de dernier recours. Le rapport demande aussi pourquoi environ 3,6 millions de polices d’assurance habitation des propriétaires occupants en Californie n’ont pas été renouvelées entre 2020 et 2023. Les restrictions de taux figurent comme l’un des principaux facteurs, car elles ne permettent pas aux assureurs de tarifer correctement le risque catastrophique croissant.
« La crise de l’assurance en Californie ne s’est pas produite du jour au lendemain. Elle est le résultat de décennies de croissance significative des risques de feux de forêt, d’investissements publics insuffisants dans la résilience et de restrictions qui ont empêché les assureurs de tarifer adéquatement les risques. », a ajouté Mme Power. « La leçon que les décideurs canadiens doivent tirer de la crise d’assurance en Californie est clairement que le plafonnement des taux ne peut remplacer l’atténuation des risques. »
Le rapport note que la moyenne des sinistres catastrophiques assurés (ceux qui ont entraîné des pertes assurées de 30 millions de dollars ou plus) causés par des feux de forêt au Canada a considérablement augmenté, passant d’une moyenne annuelle de 84 millions de dollars entre 2003 et 2014 à une moyenne annuelle de 706 millions de dollars au cours de la dernière décennie. L’Alberta a été durement touchée, les sinistres assurés attribuables à des feux de forêt ayant dépassé 1 milliard de dollars en 2024, largement en raison des feux de forêt qui ont détruit plus d’un tiers des logements et des entreprises à Jasper.
Le rapport souligne que, contrairement à la Californie, l’assurance contre les feux de forêt est largement offerte au Canada et fait partie de tous les contrats types d’assurance habitation. Cette offre à grande échelle est en partie possible grâce à l’absence de restrictions réglementaires sur les primes, lesquelles ont contribué à la crise de l’assurance en Californie. Cependant, la gravité et la fréquence accrues des événements météorologiques extrêmes au Canada exercent des pressions sur le marché canadien de l’assurance habitation et sur les primes. Selon le BAC, cela ajoute à l’urgence pour les gouvernements de renforcer la résilience du Canada.
« C’est maintenant qu’il faut agir », a insisté Mme Power. « Les gouvernements doivent investir dans une infrastructure qui protège contre les événements météorologiques extrêmes, adopter des règles d’aménagement du territoire qui empêchent la construction de logements dans des zones à haut risque, faciliter l’adoption des pratiques de résilience aux feux de forêt d’Intelli-feu dans les collectivités à risque élevé et adopter des codes du bâtiment longuement dus, qui protègent mieux les maisons et les moyens de subsistance. »