
De nombreuses personnes vivant dans des régions sujettes aux tremblements de terre parviennent à trouver un équilibre délicat entre résilience et risque, en poursuivant leur vie quotidienne tout en sachant qu’un tremblement de terre majeur n’est pas une question de « si » mais de « quand ». Cet état d’esprit permet aux communautés de prospérer, aux économies de croître et aux vies de se construire avec détermination plutôt que dans la peur. Cette vision est essentielle, mais elle doit également s’accompagner d’une attention particulière portée à la préparation.
Pour répondre à ce besoin, le Canada doit de toute urgence coordonner un plan d’intervention qui implique à la fois le gouvernement et le secteur privé. Plus d’informations à ce sujet ci-dessous.
La réalité du « Big One »
Dans l’histoire moderne, le Canada n’a pas encore connu de tremblement de terre véritablement dévastateur, mais nous avons une idée claire de ce à quoi il pourrait ressembler. Les récents tremblements de terre à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, et à Tōhoku, au Japon, nous en ont donné un aperçu saisissant et sinistre, tout comme divers exercices de modélisation d’un tremblement de terre catastrophique au Canada. Une étude commandée par l’IBC à la société d’analyse de données et de modélisation des risques AIR Worldwide a modélisé les effets d’un tremblement de terre de magnitude 9.0 à 75 kilomètres au large de Vancouver. Les conséquences d’un tel tremblement de terre seraient stupéfiantes : 95.6 milliards de dollars de pertes économiques totales, dont 26.1 milliards de dollars de pertes assurées. Dans un scénario basé au Québec, un tremblement de terre de moindre ampleur dans cette région entraînerait tout de même des pertes de plusieurs dizaines de milliards de dollars.
Un tremblement de terre majeur à proximité de l’une ou l’autre de ces grandes villes canadiennes entraînerait des pertes humaines considérables et réduirait en ruines des quartiers et des entreprises. Les routes et les ponts deviendraient impraticables et les gens seraient bloqués, ce qui rendrait les interventions d’urgence extrêmement difficiles. Les réseaux électriques, les réseaux d’eau et les réseaux de communication seraient paralysés, privant des milliers de personnes des services essentiels. Les incendies provoqués par la rupture de conduites de gaz aggraveraient la destruction, tandis que la liquéfaction et les glissements de terrain déstabiliseraient davantage le sol. Le paysage serait transformé du jour au lendemain, laissant des cicatrices qui perdureraient pendant des années, voire des générations.
Au-delà de l'épicentre : les retombées à l'échelle nationale
La catastrophe ne s'arrêterait pas à la zone sinistrée. À mesure que la crise se développerait, les répercussions économiques et sociales s'étendraient à tout le pays. Les ports, les voies ferrées et les autoroutes étant endommagés, les chaînes d'approvisionnement seraient rompues, ce qui entraverait la livraison de biens essentiels dans tout le pays et bloquerait le commerce international. Les entreprises de tout le pays ressentiraient le choc.
En outre, des communautés entières devenant inhabitables, des milliers de personnes seraient déplacées. Ces déplacements mettraient à rude épreuve les régions voisines, qui auraient du mal à accueillir l’afflux de personnes ayant besoin d’abris, de nourriture et de soins médicaux. Selon l’endroit où le séisme a frappé, des bâtiments gouvernementaux pourraient également être démolis, obligeant les décideurs à déménager et aggravant encore la situation. En bref, le processus de reconstruction serait une tâche monumentale qui nécessiterait du temps, des fonds et des ressources d’une ampleur rarement vue.
Le bilan financier d’un séisme majeur : tester les limites de la résilience
Les conséquences financières d’un tremblement de terre majeur au Canada seraient immenses, et la question de savoir comment couvrir les coûts de rétablissement est cruciale. C’est une question à laquelle les gouvernements canadiens n’ont pas encore de réponse. Les assureurs de dommages du Canada sont parmi les mieux capitalisés au monde, et ils appliquent des normes réglementaires rigoureuses. Dans des conditions normales de catastrophe, l’industrie est plus que préparée à soutenir ses assurés. Cependant, un tremblement de terre de proportions catastrophiques – comme celui qui se produit tous les 1 ans et qui a frappé le Japon en 600 – pourrait submerger même les assureurs les mieux préparés. Dans un tel cas, les sinistres pourraient épuiser les réserves de capital et de réassurance des compagnies individuelles, les poussant au-delà de leurs limites financières.
Au-delà des faillites individuelles des compagnies d'assurance, les répercussions du séisme pourraient avoir des répercussions sur l'ensemble du secteur. La Société d'indemnisation en matière d'assurances IARD du Canada (SIAI) offre un filet de sécurité en garantissant que les assurés sont protégés même si leur assureur fait faillite. Cependant, le mécanisme de paiement des survivants de la SIAI oblige les assureurs restants à couvrir les réclamations impayées des assureurs qui font faillite, une responsabilité qui pourrait pousser davantage d'assureurs à l'insolvabilité. Cette réaction en chaîne pourrait s'étendre au-delà de la zone du séisme, touchant même les petits assureurs régionaux d'autres provinces et mettant en péril la stabilité globale du secteur de l'assurance IARD.
Pour les particuliers et les entreprises, ces risques systémiques sont plus que des abstractions financières. Si un tremblement de terre perturbait à ce point le secteur de l’assurance, les demandeurs touchés seraient confrontés à des retards de plusieurs années dans l’indemnisation, et les Canadiens en général seraient confrontés à des problèmes de disponibilité et de tarification des assurances. De plus, certains propriétaires de maisons dans la zone du séisme n’ont pas de couverture d’assurance. Selon certaines estimations, plus de 50 % des propriétaires de maisons en Colombie-Britannique et jusqu’à 96 % au Québec. Ces ménages devraient compter sur leurs économies personnelles, ce qui placerait bon nombre d’entre eux dans une situation financière difficile à long terme.
Inévitablement, dans ce scénario du pire, les gouvernements seraient obligés d’intervenir. Ils devraient supporter un fardeau financier auquel ils ne se sont pas préparés et qui viderait considérablement les caisses publiques.
En fin de compte, aucune entité – gouvernement, assureur ou consommateur – ne peut supporter ce coût de manière indépendante.
Plaidoyer pour une solution nationale
Compte tenu de l’ampleur du risque, le Canada a besoin d’un plan d’intervention coordonné de toute urgence, et il est temps de le mettre en place dès maintenant. Il s’agit notamment d’élaborer un filet de sécurité fédéral – un programme conçu pour soutenir à la fois le secteur de l’assurance et les assurés individuels à la suite d’une catastrophe – afin de fournir un filet de sécurité financière essentiel, permettant un rétablissement rapide sans faire peser la totalité du fardeau sur un seul groupe. Cet effort devrait s’appuyer sur le programme national d’assurance contre les inondations du gouvernement fédéral pour les ménages à risque élevé, qui établira une entité de réassurance hébergée dans une filiale de la Société canadienne d’hypothèques et de logement et sera mis en œuvre dans le cadre d’un partenariat public-privé avec les assureurs de biens et de dommages du Canada. Des cadres similaires dans des pays comme le Japon et la Nouvelle-Zélande montrent que de telles solutions peuvent fonctionner efficacement, répartir les coûts et assurer un rétablissement plus rapide et plus équitable.
Une solution nationale, avec le soutien du gouvernement fédéral, permettrait au Canada d’être proactif plutôt que réactif et prêt à réagir à l’inévitable avec résilience. La préparation ne consiste pas à réagir immédiatement à une catastrophe, mais à créer à l’avance les bases d’un rétablissement qui ne laissera pas les Canadiens subir des pertes impossibles à l’avenir. En agissant maintenant, nous pouvons nous assurer que lorsque la situation bougera, le Canada sera prêt à reconstruire, ensemble.
En attendant, les propriétaires sont encouragés à prendre des mesures pour sécuriser leur maison et à mettre à jour leur assurance. Les consommateurs peuvent également revoir et partager notre Conseils de protection contre les tremblements de terre et regardez le Restez protégé : vidéo sur la sécurité en cas de tremblement de terre.