
Pendant la majeure partie de la dernière décennie, les assureurs albertains ont été contraints de composer avec des périodes prolongées d’intervention gouvernementale sur les tarifs d’assurance automobile. Au début de 2023, le gouvernement a annoncé un gel de tous les dépôts de tarifs, suivi d’un plafonnement des tarifs à 3.7 % qui est entré en vigueur en 2024. Bien que ces décisions politiques visent à apporter un soulagement immédiat aux conducteurs, les conséquences à long terme se sont avérées néfastes. L’histoire de l’Alberta en matière de contrôle des prix de l’assurance automobile, ainsi qu’une expérience similaire sur le marché de l’assurance automobile en Californie de 2020 à 2022, montrent que ces interventions font augmenter les primes et réduisent la concurrence sur le marché, ce qui nuit en fin de compte aux consommateurs.
Que sont les plafonds et les gels de taux ?
L’assurance automobile est obligatoire pour toute personne qui conduit au Canada. Chaque province a son propre système et les provinces ont un contrôle total sur le cadre législatif et réglementaire qui régit leur système d’assurance automobile, la couverture vendue aux clients et le prix de la couverture.
Les compagnies d’assurance ne peuvent pas augmenter les primes d’assurance automobile sans l’approbation de l’organisme de réglementation de l’assurance automobile du gouvernement.
En Alberta, l’Automobile Insurance Rate Board (AIRB) examine tous les dossiers de tarifs en fonction du rapport entre les coûts des sinistres et les primes de chaque assureur et d’un niveau de profit raisonnable. Le Bureau du surintendant des assurances de l’Alberta est responsable de toutes les activités de conformité réglementaire du secteur de l’assurance. Ces deux organismes sont les arbitres qui veillent à ce que les conducteurs albertains bénéficient de tarifs d’assurance automobile justes et compétitifs.
Lorsqu’un gouvernement décide d’instaurer un plafond tarifaire, il limite la marge d’augmentation des primes par un assureur au cours d’une période donnée, même si les sinistres et les dépenses augmentent au-delà du plafond. L’objectif de cette intervention sur le marché est politique et non pratique. Mais le résultat est prévisible. Les plafonds tarifaires arbitraires imposent des conditions financières difficiles aux assureurs. En réponse, les assureurs sont obligés de prendre des décisions commerciales concernant leur présence et leur capacité sur le marché. Comme nous l’avons vu récemment en Alberta, certains assureurs ont pris la décision de se retirer du marché ou de réduire la couverture qu’ils offrent aux consommateurs.
Le gel des tarifs va plus loin qu’un plafonnement en interdisant toute augmentation des primes pendant une période donnée. Cela oblige les assureurs à maintenir les tarifs à un niveau artificiellement bas, même si le coût des sinistres continue d’augmenter.
Les plafonds et les gels de taux peuvent fausser le marché et entraîner souvent des augmentations de prix soudaines et brutales une fois qu’ils sont finalement levés.
En Alberta, à la suite de l’introduction du gel et du plafonnement des tarifs, les assureurs automobiles ont payé plus en sinistres et en dépenses qu’ils n’ont gagné en primes.
Cette situation n’est pas tenable. Aucune entreprise ne peut fonctionner efficacement lorsque le produit qu’elle vend coûte plus cher que le prix qu’elle est autorisée à facturer.
L'expérience de l'Alberta en matière d'intervention gouvernementale sur les taux
L'Alberta a l'expérience des conséquences de l'intervention politique sur le marché de l'assurance. Entre 2017 et 2019, le gouvernement provincial précédent a imposé un plafond tarifaire sur l'assurance automobile sans s'attaquer aux coûts sous-jacents qui faisaient grimper le prix des primes. En conséquence, les pressions se sont accrues dans le système et les assureurs ont été contraints de réduire les garanties pour rester viables et s'assurer de pouvoir continuer à payer les sinistres. Cela signifie que de nombreux conducteurs n'ont pas pu obtenir la couverture dont ils avaient besoin, alors que les primes ont quand même augmenté de 12 % en moyenne pendant cette période de plafonnement des taux.
Les assureurs, incapables d’ajuster leurs tarifs pour couvrir l’augmentation des coûts des sinistres, ont commencé à réduire la disponibilité de la couverture, à limiter les options de police et, dans certains cas, à se retirer complètement du marché.
Les interventions récentes du gouvernement actuel sur le marché ont une fois de plus exercé une pression financière importante sur les assureurs, dont beaucoup ont dû faire face à des dépenses de sinistres en hausse en raison de la hausse des frais juridiques, de l'inflation et de la hausse des coûts de réparation.
D’après une rapport récent de MNPAu cours des 18 derniers mois, les primes ont augmenté de 12 % en raison du gel et du plafonnement des tarifs. Pire encore, les conducteurs qui ne respectent pas le plafond tarifaire voient leurs primes augmenter en moyenne de 15 % par an.
Jusqu’à présent, trois transporteurs ont complètement quitté le marché albertain, invoquant des conditions d’exploitation intenables. D’autres pourraient prendre une décision similaire dans les mois à venir. Résultat : moins d’options pour les consommateurs et des primes d’assurance automobile plus élevées en raison d’une concurrence réduite sur le marché.
En temps de crise de l'accessibilité, la politique prime sur les réformes
La politisation de l’assurance est d’autant plus grande à l’heure actuelle, où les consommateurs sont confrontés à de nombreux problèmes d’accessibilité. Cependant, peu importe où vous vivez au Canada, le gouvernement provincial contrôle les règles et la surveillance réglementaire du produit d’assurance automobile obligatoire.
Dans un rapport récentL'économiste Jack Mintz, de l'École de politique publique de l'Université de Calgary, a fait remarquer que les primes d'assurance automobile ont été un sujet de controverse, peut-être parce qu'il s'agit d'une dépense obligatoire réglementée par les gouvernements plutôt que d'une dépense importante pour les consommateurs (environ 2 % des dépenses moyennes des consommateurs). L'augmentation des coûts de l'assurance automobile en raison des pressions inflationnistes, notamment les frais de litige, les frais de dommages corporels, les frais de remplacement du revenu, les frais de réparation des voitures et les vols de voitures, a mis le gouvernement de l'Alberta sous pression pour répondre aux pressions en matière d'accessibilité.
Les coûts qui déterminent les primes d'assurance automobile échappent au contrôle d'un assureur individuel. L'inflation, les frais juridiques, le vol de voitures et la nature de plus en plus sophistiquée des véhicules contribuent tous à l'augmentation des coûts des sinistres.
Lorsqu’un gouvernement intervient dans le modèle de tarification de l’assurance automobile, il force dans bien des cas les assureurs à perdre de l’argent sur la vente d’un produit obligatoire. Il existe très peu d’exemples dans une économie de marché où le gouvernement impose un prix artificiel sur un produit ou un service.
Lorsque les assureurs sont contraints de perdre de l’argent, ils cherchent à investir dans d’autres secteurs d’activité ou dans d’autres juridictions où les gouvernements sont moins interventionnistes. Ces mesures ont un impact sur le niveau de concurrence dans le secteur de l’assurance automobile, qui sert généralement d’égalisateur entre l’offre et les prix.
Dans un marché concurrentiel, l’objectif des assureurs est d’augmenter le nombre de consommateurs qu’ils peuvent ajouter à leur portefeuille d’affaires. Le prix d’un produit d’assurance automobile est simple : les primes sont fixées en fonction des coûts de sinistres prévus, plus une marge bénéficiaire pour l’entreprise. Le niveau de profit qu’un assureur peut réaliser en fournissant une assurance automobile aux consommateurs est également imposé par le gouvernement.
Les conducteurs de l’Alberta risquent désormais de devoir faire face à des primes plus élevées lorsque les interventions tarifaires actuelles seront inévitablement levées, car les assureurs devront récupérer les pertes subies pendant les périodes de plafonnement et de gel.
Gel de l'assurance automobile en Californie : une étude de cas
L’expérience de la Californie en matière d’assurance automobile pendant la pandémie de COVID-19 est un exemple qui nous met en garde. En réponse à la réduction de la circulation automobile pendant les confinements, l’État a imposé un gel de deux ans sur l’assurance automobile pour empêcher la hausse des primes. Si cette mesure semblait être une victoire pour les consommateurs à court terme, elle s’est retournée contre eux.
Alors que les habitudes de conduite sont revenues à leurs niveaux d'avant la pandémie, les assureurs ont eu du mal à gérer la hausse des sinistres sans pouvoir ajuster les tarifs. Plusieurs grandes compagnies d'assurance, dont State Farm, AllState, Farmers, USAA et Kemper, ont annoncé qu'elles abandonnaient ou réduisaient considérablement leur couverture sur le plus grand marché d'assurance automobile des États-Unis. Pour être franc, la crise du marché est le fait du gouvernement lui-même.
L'absence de concurrence, combinée à des pressions croissantes sur les coûts, a entraîné une augmentation des primes une fois le gel levé. Les consommateurs californiens se sont retrouvés avec moins de choix et des coûts plus élevés. C'est ce que nous pourrions voir en Alberta à la suite des interventions répétées du gouvernement sur le marché de l'assurance automobile.
La voie à suivre pour l’Alberta
L'Alberta devrait tirer les leçons de sa propre histoire et des expériences récentes de la Californie. Les interventions gouvernementales sur les tarifs faussent le marché et réduisent la concurrence et le choix des consommateurs, ce qui oblige ces derniers à payer le prix fort à moins que des réformes ne soient immédiatement mises en œuvre et que l'intervention ne soit supprimée. Au lieu d'imposer des plafonds ou des gels de tarifs, l'Alberta devrait s'efforcer de promouvoir un marché de l'assurance concurrentiel qui permette aux assureurs de fixer les prix des polices en fonction de facteurs de risque réels.
Il est important que le gouvernement mette en œuvre des réformes qui récompensent les bons conducteurs, tout en veillant à ce que les conducteurs ayant commis des infractions, des accidents ou de mauvais comportements au volant paient des primes élevées pour refléter le risque qu’ils représentent pour la sécurité publique.
En s’attaquant aux causes profondes de la hausse des primes, on crée un marché de l’assurance automobile plus sain et plus durable. En permettant aux assureurs de se faire concurrence et d’innover, l’Alberta peut protéger les consommateurs tout en évitant les conséquences négatives à long terme des contrôles des prix.
Les assureurs automobiles de l'Alberta ont proposé des réformes qui aideront à réduire les coûts et à offrir un soulagement immédiat et à long terme aux conducteurs. Ces réformes amélioreront l'abordabilité tout en améliorant les soins et les prestations offerts aux personnes blessées dans une collision. Pour en savoir plus, visitez le site www.betterwaytosave.ca.